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Mes ateliers d’écriture... toute une histoire !
- Par Agathe Costes
- Le 03/09/2013
- Dans L'instant culture de l'écrivain public : pause-café, pause français
Quand une consœur m’a proposé de rédiger un texte sur les ateliers d’écriture, ma première pensée a été la suivante : « Diantre ! »
Parfois, les personnes peinent à écrire parce qu’elles ne trouvent pas les mots. Mon problème était l’inverse : comment synthétiser mes pensées à ce sujet, alors que j’ai des milliards de choses à dire dessus ?
Voici déjà ce que l’animation de ces ateliers m’apporte.
En premier lieu, j’aime rechercher les thèmes des séances. Je passe du temps à m’informer, à apprendre et à essayer de trouver une consigne qui va amener les gens à imaginer une histoire. Je suis une insatiable curieuse et j’ai l’impression que je n’aurai jamais assez d’une vie pour tout lire, tout voir, tout entendre. Je m’intéresse à la culture sous toutes ses formes : la création, l’esthétisme, les artistes, leurs personnages, les œuvres… Apprendre au quotidien m’épanouit et quand j’anime un atelier, j’introduis toujours des éléments culturels en lien avec le thème de la séance. Cela permet un échange riche avec les participants qui me font part de leurs connaissances, de leurs histoires ou de leurs coups de cœur.
Par ailleurs, j’aime entendre des récits, observer de près le processus de création et remarquer avec étonnement que la même consigne va éveiller chez les uns et les autres des idées totalement différentes.
Enfin, je crois que ce que j’affectionne le plus est de voir les participants se révéler à eux-mêmes. Ils lisent leurs productions en fin de séance, et les retours des uns et des autres leur font pleinement apprécier la qualité de ce qu’ils viennent d’écrire. C’est un moment un peu impalpable, très intime, que les gens savourent avec beaucoup de discrétion, mais que j’aime constamment observer. C’est comme une grande libération intérieure, car, d’une part, il n’est pas toujours aisé de lire devant un groupe et, d’autre part, ils réalisent le plaisir qu’ils ont procuré à leurs pairs grâce à leur texte. Il faut vraiment être confronté à cette situation pour mieux la saisir.
Mais qu’est-ce qu’un atelier d’écriture ?
Plusieurs personnes se retrouvent dans une salle, devant une feuille blanche, avec pour seul point de départ la consigne donnée par l’animateur. À partir de la thématique indiquée, ils doivent inventer pendant une durée déterminée (une heure, deux heures...) une histoire.
La vie d’adulte et le milieu professionnel nous font régulièrement négliger la part de créativité qui existe en chacun de nous. Nous sommes énormément accaparés par des problèmes d’ordre matériel, des solutions à trouver et des tâches à accomplir dans un but précis.
L’atelier d’écriture est un moment où les personnes oublient ces obligations et peuvent de nouveau ouvrir la porte de leur imaginaire. Dans ce cadre d’activité de loisir, le seul objectif important à mes yeux est de passer des heures agréables en rédigeant une histoire. La méthode des ateliers - donner une consigne d’écriture - se nomme l’écriture créative. C’est un domaine très en vogue dans les pays anglo-saxons, des cours y sont délivrés dans de nombreuses universités. Depuis 2012, l'université du Havre en propose.
Tout d’abord, les courageux participants doivent surmonter une première angoisse : celle de la page blanche !
Ensuite, je constate régulièrement les mêmes interrogations de leur part : « Si j’écris ceci de cette manière, est-ce que cela conviendra ? Puis-je ajouter ma suite à ce thème ? »
Dans un premier temps, je souris, pour une raison très simple : j’ai posé exactement les mêmes questions qu’eux quand j’étais à leur place. Je leur explique que la consigne donnée n’est qu’un prétexte pour stimuler leur imagination et qu'ils peuvent s'en éloigner s'ils le préfèrent.
Une fois cette « terreur » de la page blanche évacuée, ils doivent faire face à une difficulté supplémentaire : lire leur histoire devant les autres participants.
Je tiens ainsi à préciser que je suis fréquemment subjuguée par les récits lus lors des ateliers. La richesse du vocabulaire employé, la capacité à capter l’auditeur et le style de chaque personne me laissent souvent admirative. C’est pourquoi j’encourage les hésitants à se lancer. Toutefois, je prends soin de ne pas forcer les gens, car l’écriture révèle une part d’inconscient et lire des choses trop personnelles peut parfois s'avérer gênant. Certains tentent de surmonter ce qui les travaille de cette façon, d’autres non. En tant qu’animatrice, je veille avec attention à prévenir cela et à instaurer une atmosphère bienveillante.
Par ailleurs, se rendre à un atelier permet de conserver une régularité dans l’écriture et le fait d’exercer cette activité en groupe est encourageant pour avancer dans un projet, ou même chercher à progresser.
Les séances peuvent se décliner sous différentes formes : pour adultes, mais aussi pour enfants, comportant des jeux avec les mots ou des thématiques personnelles, etc. Les possibilités sont variées. En ce qui me concerne, comme indiqué dans les lignes ci-dessus, j’y ai ajouté une note culturelle. Je prends des exemples en lien avec ma consigne existant dans la littérature, le cinéma, la peinture... Si je propose une histoire autour du flash-back, je vais citer des œuvres où ce procédé est utilisé. Cela permet non seulement aux participants de constater leurs propres réactions quand ils observent ce mécanisme, mais aussi de s’ouvrir à un échange culturel avec les autres.
Mon amie Sylvie Chaudoreille a trouvé de bien jolis mots pour définir la richesse des ateliers : « Il n’y a jamais en écriture de bon ou de mauvais texte, ne s’écrit à chaque expérience que ce qui “doit” s’écrire et c’est toujours un merveilleux mystère. »
Je pense qu’elle a entièrement raison.