Aujourd’hui café franco-philo
- Par Agathe Costes
- Le 09/02/2012
- Dans L'instant culture de l'écrivain public : pause-café, pause français
Questions : pourquoi des termes couramment utilisés dans nos conversations sont-ils déconseillés et d’autres deviennent des composants de notre langage ? Pourquoi est-il contre-indiqué d’employer impacter alors que vient d’entrer massicoter dans la dernière édition du dictionnaire de l’Académie française ?
Ce que je dis ne repose sur rien d’autre que ma conviction (c’est peu en effet) mais il me semble tout de même qu’aujourd’hui, en 2012, nous disons plus fréquemment impacter que massicoter.
« La mode c’est ce qui se démode » disait Jean Cocteau. A la lumière de la conjugaison de massicoter (nous massicotons, vous massicotez…) on n’en doute pas.
Il y a peut-être des éléments de réponse dans les phrases suivantes (issues du site de l’Académie) :
« L’orthographe s’est considérablement transformée, tant du fait d’une évolution naturelle que par l’intervention raisonnée de l’Académie, des lexicographes et des grammairiens. La réflexion sur l’orthographe doit tenir compte de données multiples et souvent contradictoires, comme le poids de l’usage établi, les contraintes de l’étymologie et celles de la prononciation, les pratiques de l’institution scolaire, celles du monde des éditeurs et des imprimeurs, etc. L’Académie s’est employée, tout au long de son histoire, à maintenir un équilibre entre ces différentes exigences, l’expérience prouvant que les projets abstraits des réformateurs ne sauraient à eux seuls faire plier l’usage. Ainsi adopta-t-elle en 1835, dans la sixième édition de son Dictionnaire, l’orthographe -ais pour les mots terminés jusqu’alors en -ois mais prononcés depuis longtemps è (le françois, j’étois, etc.), réforme réclamée au siècle précédent par Voltaire. »
Comme le souligne Chantal Rittaud-Hutinet dans Parlez-vous français : « Ce que certains considèrent comme le français orthodoxe, le seul pour eux ayant droit de cité, n’est en réalité que l’ensemble des normes abstraites que l’on trouve dans les dictionnaires, les livres d’orthoépie (prononciation normée) et les grammaires. »
Ainsi nous avons besoin de normes pour nous repérer, nous éclairer… et surtout nous indiquer si Hubert-votre-beau-père peut effectivement se permettre d’ajouter en toute innocence zythum sur le mot compte triple au Scrabble. C’est vrai, sans cela, que serions-nous ?!
Il serait peut-être alors sage d’indiquer les fautes ou les écarts de langage lorsqu’on les constate, tout en gardant à l’esprit que nous ne manquerons pas d’en faire.
L’erreur est humaine.
Personne n’a la science infuse.
Et les discours d’aujourd’hui ne seront pas toujours ceux de demain. Mais ça, certains le savent mieux que d’autres.
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