La polysémie, quel beau pays !

Les vacances se terminent, la rentrée reprend ses droits, mais nous sommes encore un peu à cheval entre les mantras des magazines estivaux (éloge de la procrastination, de l’ennui, du temps pour soi, du zen et des heures au ralenti) et la réalité des pas pressés, des cigarettes à demi-consumées et des moteurs vrombissant dès huit heures.

Pleine de bonnes intentions, j’ai entrepris de rédiger un blog sur les mots ou les expressions à double sens, un phénomène du langage que je trouve tout à fait passionnant. Je suis d’autant plus séduite par ce sujet que le calembour est un plaisir qui peut se partager dans toutes les langues, les Français n’ayant pas l’apanage de l’humour sur les mots polysémiques. J’imagine avec amusement les parallèles allemands ou japonais de ces mots faisant que des confédérés peuvent également être des cons fédérés.

Cherchant à savoir ce que ces doubles sens pouvaient bien signifier dans le domaine psy, j’ai lu quelques pages sur les dissensions entre Freud et Lacan. Je dois bien avouer que je n’ai pas saisi l’intégralité des passages lus à ce sujet, mais il y en a un qui a tout de même retenu mon attention (enfin, il s’agit surtout de celui que j’ai compris) : « Le mot est un signe, il a une face matérielle, le “signifiant”, et une face conceptuelle, le “signifié”. Le mot équivoque a la particularité d’avoir deux “signifiés”, l’un innocent et l’autre tendancieux, pour un seul “signifiant”. Pour Freud, la pulsion a contourné la censure en abandonnant le signifié tendancieux pour le signifié innocent. De la place de l’analyste qui écoute un mot équivoque, Lacan peut dire que ce qui se déplace, c’est le “signifiant“, qui occupe successivement dans son écoute deux positions différentes, S1 et S2. En se déplaçant ainsi, le signifiant “transporte” un sens nouveau, qui surgit du rapprochement de S1 et de S2. C’est ce transport que Lacan appelle une “métaphore”. »

Ne pouvant guère citer plus de choses sur ce sujet et la rentrée commençant à peine, je me suis résolue à vous proposer un simple lien vers un (mythique) moment de télévision plutôt que d’explorer durant des heures ce thème en vue d’un résultat très aléatoire. Toutefois, je suis certaine que vous saurez apprécier à sa juste valeur le brio avec lequel Valérie Lemercier excelle dans l’exercice :

https://www.youtube.com/watch?v=KJ87qO_5KJg

Pour la petite histoire, j’ai dû écouter une deuxième fois pour comprendre « enrichi ». J’aime bien. Et j’aime beaucoup « compétent » aussi.

Les joies du langage.

 

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