Articles de cabinetagathecostes

  • Les arismocrates reviennent, c'est leur fête !

    Un saint prend-il une majuscule ou non ?

    Un sein, non, évidemment,  un seing non plus, même s’il rend un document authentique. Et l’adjectif « sain » a beau être équilibré, il ne bénéficie pas de la distinction suprême des arismocrates : la majuscule !

    Certes, avec tous ces homonymes, nous ne sommes pas plus avancés. Focalisons-nous donc sur le saint.

    Il faut retenir principalement qu’il prend la majuscule lorsqu’il est utilisé au sein (décidément) d’un nom propre. Par exemple, un lieu et ses habitants (les Saint-Quentinois de Saint-Quentin), une fête (la Sainte-Agathe, au hasard), un monument (la Sainte-Chapelle), un ordre (l’ordre de Saint-Lazare) et dans certaines expressions historiques, traditionnelles ou religieuses (le Saint-Esprit), mais pas toutes évidemment, cela aurait été trop simple. Dans ces cas, n’oubliez pas d'ajouter le tiret qui précédera le mot suivant. De plus, vous pouvez employer l’abréviation St ou Ste uniquement lorsqu’ils forment des noms propres, comme ci-dessus.

    Maintenant, après la « noblesse majusculée », voici le reste du monde : les saints avec des minuscules.

    Il est surprenant de remarquer que lorsque vous évoquez le personnage d’un saint, celui-ci s’écrit en minuscules (sainte Agathe, encore au hasard). Et que si vous dites « la fête de sainte Agathe », vous parlez bien de la fête de ce personnage. Si, en revanche, vous vous référez à la Sainte-Agathe, vous mentionnez la fête, donc le groupe de mots redevient nom propre.

    Retenez juste ceci, ce qui vous aidera : la fête de sainte Agathe/la Sainte-Agathe.

    Quand il s’agit de mots composés, la minuscule  doit être conservée : un saint-bernard, des saint-honoré, etc. Puis lorsque « saint » est utilisé comme adjectif, il reste en bas de casse (le saint sacrement, etc.).  

    Voici pour le « peuple ».

    Prochaine étape des arismocrates : la géographie. Je vous préviens, il faudra vous munir d’aspirines. Si, j’insiste sur la nécessité du pluriel pour « aspirines » dans ce contexte.

    Si vous souhaitez ajouter des éléments ou poser des questions concernant ce billet du blog, vous pouvez vous rendre sur la page du Cabinet :

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    À bientôt !

  • Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres

    Le français est comme la nature : bien fait.

    Ceci dit, il s’avère parfois absurde. Selon le livre Zéro faute, de François de Closets, Nina Catach, linguiste renommée, estime que la langue française comporte 80 % de cohérence et, tout de même, 20 % d’aberrations.

    Aujourd’hui, j’ai constaté deux choses tellement évidentes que je ne les avais jamais remarquées.

    Le Siècle des lumières symbolise le siècle du savoir. Nous sommes éclairés par la lumière, de la même façon que nous sommes « éclairés » par la connaissance. Au sens propre, la lumière nous permet de voir, donc de connaître, ce qui rejoint le sens figuré.

    Parallèlement à ce point, j’ai recherché le concept antagoniste du savoir, en l’occurrence l’ignorance et je me suis interrogée : existe-t-il également une métaphore liée à la lumière pour l’ignorance ?

    Et soudain est apparu — la lumière a donc jailli dans mon esprit – le mot suivant : obscurantisme.

    Il est intéressant de constater que ces deux notions contraires de notre langage sont métaphorisées par deux autres notions opposées de même nature.

    Ainsi connaître et méconnaître se lient à la lumière et à l’obscurité, au visible et au caché, à faire jour ou à dissimuler. Cette dualité peut se développer de façon plus lyrique au travers du jour et de la nuit, voire à la vie et à la mort. Une dichotomie – division qui marque l’opposition – qui n’est pas sans rappeler le yin et le yang. Le plus surprenant étant que le mot dichotomie signifie également « phase de la Lune pendant laquelle une moitié de son disque est caché ». Ce qui ressemble étrangement au yin et au yang !

    Si jamais ce billet vous fait penser à d’autres notions de ce type, n’hésitez pas à venir les partager sur le facebook du cabinet, à l’adresse suivante :

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    À bientôt !

  • Mes ateliers d’écriture... toute une histoire !

    Quand une consœur m’a proposé de rédiger un texte sur les ateliers d’écriture, ma première pensée a été la suivante : « Diantre ! »

    Parfois, les personnes peinent à écrire parce qu’elles ne trouvent pas les mots. Mon problème était l’inverse : comment synthétiser mes pensées à ce sujet, alors que j’ai des milliards de choses à dire dessus ?

    Voici déjà ce que l’animation de ces ateliers m’apporte.

    En premier lieu, j’aime rechercher les thèmes des séances. Je passe du temps à m’informer, à apprendre et à essayer de trouver une consigne qui va amener les gens à imaginer une histoire. Je suis une insatiable curieuse et j’ai l’impression que je n’aurai jamais assez d’une vie pour tout lire, tout voir, tout entendre. Je m’intéresse à la culture sous toutes ses formes : la création, l’esthétisme, les artistes, leurs personnages, les œuvres… Apprendre au quotidien m’épanouit et quand j’anime un atelier, j’introduis toujours des éléments culturels en lien avec le thème de la séance. Cela permet un échange riche avec les participants qui me font part de leurs connaissances, de leurs histoires ou de leurs coups de cœur.

    Par ailleurs, j’aime entendre des récits, observer de près le processus de création et remarquer avec étonnement que la même consigne va éveiller chez les uns et les autres des idées totalement différentes.

    Enfin, je crois que ce que j’affectionne le plus est de voir les participants se révéler à eux-mêmes. Ils lisent leurs productions en fin de séance, et les retours des uns et des autres leur font pleinement apprécier la qualité de ce qu’ils viennent d’écrire. C’est un moment un peu impalpable, très intime, que les gens savourent avec beaucoup de discrétion, mais que j’aime constamment observer. C’est comme une grande libération intérieure, car, d’une part, il n’est pas toujours aisé de lire devant un groupe et, d’autre part, ils réalisent le plaisir qu’ils ont procuré à leurs pairs grâce à leur texte. Il faut vraiment être confronté à cette situation pour mieux la saisir.

    Mais qu’est-ce qu’un atelier d’écriture ?

    Plusieurs personnes se retrouvent dans une salle, devant une feuille blanche, avec pour seul point de départ la consigne donnée par l’animateur. À partir de la thématique indiquée, ils doivent inventer pendant une durée déterminée (une heure, deux heures...) une histoire.

    La vie d’adulte et le milieu professionnel nous font régulièrement négliger la part de créativité qui existe en chacun de nous. Nous sommes énormément accaparés par des problèmes d’ordre matériel, des solutions à trouver et des tâches à accomplir dans un but précis.

    L’atelier d’écriture est un moment où les personnes oublient ces obligations et peuvent de nouveau ouvrir la porte de leur imaginaire. Dans ce cadre d’activité de loisir, le seul objectif important à mes yeux est de passer des heures agréables en rédigeant une histoire. La méthode des ateliers - donner une consigne d’écriture - se nomme l’écriture créative. C’est un domaine très en vogue dans les pays anglo-saxons, des cours y sont délivrés dans de nombreuses universités. Depuis 2012, l'université du Havre en propose.

    Tout d’abord, les courageux participants doivent surmonter une première angoisse : celle de la page blanche !

    Ensuite, je constate régulièrement les mêmes interrogations de leur part : « Si j’écris ceci de cette manière, est-ce que cela conviendra ? Puis-je ajouter ma suite à ce thème ? »

    Dans un premier temps, je souris, pour une raison très simple : j’ai posé exactement les mêmes questions qu’eux quand j’étais à leur place. Je leur explique que la consigne donnée n’est qu’un prétexte pour stimuler leur imagination et qu'ils peuvent s'en éloigner s'ils le préfèrent.

    Une fois cette « terreur » de la page blanche évacuée, ils doivent faire face à une difficulté supplémentaire : lire leur histoire devant les autres participants.

    Je tiens ainsi à préciser que je suis fréquemment subjuguée par les récits lus lors des ateliers. La richesse du vocabulaire employé, la capacité à capter l’auditeur et le style de chaque personne me laissent souvent admirative. C’est pourquoi j’encourage les hésitants à se lancer. Toutefois, je prends soin de ne pas forcer les gens, car l’écriture révèle une part d’inconscient et lire des choses trop personnelles peut parfois s'avérer gênant. Certains tentent de surmonter ce qui les travaille de cette façon, d’autres non. En tant qu’animatrice, je veille avec attention à prévenir cela et à instaurer une atmosphère bienveillante.

    Par ailleurs, se rendre à un atelier permet de conserver une régularité dans l’écriture et le fait d’exercer cette activité en groupe est encourageant pour avancer dans un projet, ou même chercher à progresser.

    Les séances peuvent se décliner sous différentes formes : pour adultes, mais aussi pour enfants, comportant des jeux avec les mots ou des thématiques personnelles, etc. Les possibilités sont variées. En ce qui me concerne, comme indiqué dans les lignes ci-dessus, j’y ai ajouté une note culturelle. Je prends des exemples en lien avec ma consigne existant dans la littérature, le cinéma, la peinture... Si je propose une histoire autour du flash-back, je vais citer des œuvres où ce procédé est utilisé. Cela permet non seulement aux participants de constater leurs propres réactions quand ils observent ce mécanisme, mais aussi de s’ouvrir à un échange culturel avec les autres.

    Mon amie Sylvie Chaudoreille a trouvé de bien jolis mots pour définir la richesse des ateliers : « Il n’y a jamais en écriture de bon ou de mauvais texte, ne s’écrit à chaque expérience que ce qui “doit” s’écrire et c’est toujours un merveilleux mystère. »

    Je pense qu’elle a entièrement raison.

  • Le pouvoir des mots

    Un ami a eu la délicate attention de m’offrir et de me prêter quelques lectures récemment. Parmi celles-ci figurait un essai sur la parole. Les pépites issues ce texte sont si nombreuses que je ne sais laquelle mettre en avant.

    « Le seul mauvais choix est l’absence de choix », a écrit Amélie Nothomb dans Métaphysique des tubes. Je vais donc citer cette phrase : « La parole est une arme de guerre ou un instrument de paix : elle peut avoir une force de déflagration redoutable ou une puissance de réconciliation inattendue. »

    « La parole est une arme de guerre »

    On dit en effet que les mots blessent, font souffrir, au même titre que des plaies béantes. Ils peuvent heurter, diviser, faire surgir des émotions néfastes telles que la colère, la peine, la jalousie, le ressentiment...

    Je marchais dans la rue hier et j’ai croisé un homme en train de téléphoner. Son ton était emporté, il parlait excessivement fort et surtout… il ne pouvait pas prononcer deux phrases d’affilée. À l’autre bout de la ligne, la personne devait certainement lui couper sans cesse la parole. Au bout d’un moment, il a répété de nombreuses fois, excédé : « Tu m’écoutes ! » Visiblement en vain. Les mots ne parvenaient pas à sortir de sa bouche et cela semblait décupler sa colère. C’était comme si les paroles s’accumulaient à l’intérieur de lui, bloquées par un barrage qui allait bientôt céder sous la pression. Le torrent qui en jaillirait promettait d’être violent.

    « La parole est un instrument de paix »

    Les mots nous lient et nous permettent d’entrer en contact avec les gens. Ils font apparaître les points de vue, les intérêts, la manière de penser et de construire un raisonnement, d’utiliser l’humour, de dire des émotions ou de révéler des sentiments.

    Les mots nous offrent la possibilité de nous mettre d’accord, d’écouter l’avis d’autres personnes et de le confronter au nôtre, de nous réconcilier, de nous rapprocher, de nous étonner et mieux encore : de nous faire rire.

    Ils ont cette incroyable faculté de nous lier ou de nous délier. Peut-être que nous nous en apercevons plus lorsque nous sommes à l’étranger et que nous ne connaissons pas le langage local. Nous pouvons certes nous comprendre grâce aux signes, à l’attitude ou à l’intonation, mais la discussion reste limitée, et nous sentons bien que le lien le sera forcément aussi. On utilise d’ailleurs souvent l’expression suivante : la barrière de la langue. Celle qui nous empêche en quelque sorte d’aller vers l’autre.

    Les mots qui sortent de notre bouche ne sont pas anodins et si on y prête attention on remarque qu’ils subissent énormément notre humeur. Il se pourrait bien que l’une des recettes pour être heureux soit d’employer dès que possible des vocables à connotation positive.

    Je vous laisse essayer cette idée pour l’été, une saison où votre vocabulaire sera forcément plus ensoleillé !

  • Trouver les mots

    Dans une discussion avec un proche, dans un contexte professionnel, lors d’un discours, le principal problème posé est de « trouver les mots ».

    En effet, pourquoi utiliser les mots adéquats est-il si complexe ? On dit parfois que la personne avec qui nous communiquons ne parle pas la même langue que nous afin d’exprimer notre frustration d’être incompris.

    Une phrase de Bernard Werber, extraite de son Encyclopédie du savoir relatif et absolu, résume à merveille cette grande difficulté : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. »

    Il faut ajouter à ces neuf possibilités le fait que le sens des mots évolue et que leur signification peut être variée. En fonction du vécu et de la sensibilité, certains vocables résonneront différemment selon les personnes. On peut dire de quelqu’un qu’il est « malin » avec un sous-entendu approbateur comme avec une connotation négative. Par ailleurs, la « préfète » était auparavant la femme du préfet, aujourd’hui elle est celle qui exerce cette fonction. Il faut ajouter à cela l’implicite. Quand je précise que j’ai froid, on peut interpréter qu'il est nécessaire de fermer la fenêtre, à tort ou à raison.

    Dans ce contexte, l’écrivain public rencontre de nouvelles problématiques. Il doit utiliser un langage écrit pour traduire au mieux le message que veut transmettre son client. Première difficulté. De plus, il peut proposer des pistes d’amélioration pour que ce message atteigne avec plus d’efficacité son but. Enfin, je pense que le professionnel doit adapter le vocabulaire qu’il emploie au langage de son client. La lettre, le dossier ou le document demandés doivent selon moi faire apparaître la personnalité du client ou ce qu’il veut montrer d’un produit, d’un lieu, d’un fragment de vie, etc.

    Ceci est mon opinion et il se peut que certains de mes confrères et consœurs ne la partagent pas. Le débat reste ouvert.

    Je pense notamment à la lettre de motivation. Il s’agit d’un courrier dont l’objectif est d’obtenir un rendez-vous. Si jamais la lettre ne reflète pas la personnalité du candidat, les recruteurs pourront regretter un décalage entre le document et la personne qu’ils reçoivent, il existe donc de grandes chances que l'entretien n’aboutisse pas. Mais je peux également prendre l’exemple d’un dossier de presse évoquant un produit. Ce dossier doit présenter clairement son sujet, le valoriser, tout en utilisant un langage adapté à l'image que la marque cherche à faire passer.

    Ainsi, on dénombre beaucoup de difficultés pour l’écrivain public. Toutefois, il bénéficie d’un avantage primordial par rapport à son client : il a du recul. Il est toujours plus évident de parler d’une tierce personne que de soi-même. Par ailleurs, lorsque quelqu'un souhaite communiquer sur un produit ou un service qu’il vend, l’écrivain public percevra plus facilement ce qui pourrait échapper à ses potentiels acheteurs, car lui ne connaît pas ce produit et doit le comprendre, comme cette même cible. Il pourra donc définir plus aisément les points à développer et vérifier en concertation avec son client que le langage correspond bien à son univers.

    Enfin, l’écrivain public maîtrise la communication écrite. Ce qui n’est pas neutre de nos jours. Ainsi, il possède toutes les qualités requises pour vous aider à « trouver les mots ». CQFD !

  • Mesdames et messieurs les arismocrates

    Lors d’une soirée, une amie m’a questionnée : « Comment faut-il écrire madame et monsieur ? Avec ou sans majuscule ? En abrégé ? » J’ai tâché de lui répondre le plus simplement possible. À la vision de ses yeux écarquillés, j’ai saisi que je n’avais pas été très claire. Il est vrai que commencer mon explication en lui détaillant la nature des exceptions ne pouvait l’aider.

    J’étais ainsi déçue de n’avoir pas su synthétiser efficacement ces usages typographiques. Comme le constate – avec beaucoup d’humour - le Dicomoche : « Ce que l’on conçoit mal s’énonce obscurément et les mots pour le dire arrivent péniblement. » Je devais donc mieux concevoir ces règles, afin de les énoncer clairement et mes mots seraient arrivés aisément, merci M. Boileau… ou monsieur Boileau… ou Monsieur Boileau ?!

    C’est ce que nous allons voir.

    Imaginons deux situations distinctes.

    Dans le premier cas, vous vous adressez directement à quelqu’un. Vous lui parlez ou vous lui rédigez une lettre.

    Ainsi, vous prenez votre plus belle plume de paon, la trempez dans de l’encre de Chine, sortez votre papier en vélin et commencez à le gratter harmonieusement de votre élégante écriture calligraphiée. Bref, vous envoyez un mail.

    Dans ce cadre, il est nécessaire d’écrire madame ou monsieur intégralement et en minuscules. Normalement, vous ne devriez pas ajouter la majuscule dans vos courriers (comme dans la phrase : « Je vous prie de recevoir, madame, etc. »).  Cependant, la capitale revient fréquemment par politesse. Elle est donc tolérée et vos interlocuteurs peuvent apprécier d’être ainsi « arismocratisés » par un Madame ou Monsieur. Si le mot est le premier de la phrase, il commence évidemment par une majuscule.

    Dans le second cas, vous évoquez une personne. Si son nom est connu, vous devez rédiger les mots sous leurs formes abrégées : M. et Mme. Par ailleurs, si vous ne savez pas son nom, il faudra alors écrire monsieur ou madame.

    Pour synthétiser – mieux que ma tentative avec mon amie - il faut donc retenir les points suivants :

    - on utilise M. et Mme uniquement lorsque l’on désigne une personne à qui l’on ne s’adresse pas et dont on connaît le patronyme ;

    - à l’inverse, si on parle d’elle sans la connaître, on rédige monsieur ou madame en entier ;

    - on écrit monsieur et madame lorsque l’on s’adresse à la personne, l’ajout de la capitale initiale intervenant souvent dans les courriers par mesure de déférence.

    Enfin, si vous souhaitez oublier ce que vous venez d’acquérir (ou de voir confirmé), il est toujours possible de compléter ces informations par de nouvelles exceptions : la majuscule s’invite lorsque le titre de civilité devient  honorifique en raison de l’Histoire (avec un H également, mais j’y reviendrai…) comme « Monsieur, frère du roi », ou quand le mot constitue le titre d’un ouvrage, comme cette très chère « Madame Bovary ».

    Ce sera tout pour aujourd’hui. J’espère que vous n’écarquillez plus les yeux. 

  • Les arismocrates et les fonctions

    Les règles typographiques étant ce qu’elles sont – une science inexacte sur laquelle très peu de gens parviennent à se mettre d’accord – je vais tenter l’impossible : résumer en quelques textes quels sont les mots qui prennent une majuscule et pour quelles obscures raisons ils paradent ainsi fièrement.

    Les arismocrates sont donc, depuis mon dernier blog, les mots possédant le privilège de la majuscule.

    Aujourd’hui, j’aborderai les fonctions.

    Avez-vous déjà remarqué que dans les écrits les maçons restent des maçons, les fonctionnaires demeurent des fonctionnaires et que les directeurs deviennent des Directeurs ?!

    Il faut croire que la communication écrite respecte nos craintes, parfois infondées, de la hiérarchie. Automatiquement, celui qui se situe en haut de cette échelle se trouve affublé d’une majuscule.

    Le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale n’a :

    1) pas trouvé de nom plus court (c’est fâcheux) ;

    2) jamais mentionné l’emploi de majuscule pour les directeurs.

    Voici ce qu’il indique :

    « Les noms de fonctions, charges ou titres civils, publics ou privés, administratifs ou religieux, se composent normalement en bas de casse. »

    Il émet seulement deux réserves :

    « Toutefois, dans un ouvrage particulier, l’auteur peut utiliser un titre ou une fonction à la place du nom propre d’un personnage facilement reconnaissable ; ce terme pourra alors prendre la majuscule : le conflit entre l’Empereur (Napoléon Ier) et le Pape (Pie VII) […] Dans les textes officiels, on rencontre souvent avec une majuscule initiale : le Président de la République. »

    En effet, président, contrairement à « République » ne devrait pas utiliser de majuscule, mais, comme pour les directeurs/directrices, certains textes, journaux et écrits (courriers) l’ajoutent. Il s’agit d’une mesure de déférence. Ainsi, ces mots peuvent tout de même être tolérés avec ce « léger supplément d'âme ».  

    Cependant, ma consoeur bretonne Marie-Agnès Ollier m'a, en outre, précisé que lorsque l'on évoquait le président de la République, on l'écrivait Président avec une capitale lorsqu'il n'était pas suivi par "de la République" (soit Président, soit président de la République).

    Le français étant, lui, ce qu’il est - un hommage aux exceptions - une seule fonction devrait normalement commencer par une majuscule : celle de Premier ministre. En revanche, retenez bien que les ministres de son gouvernement n’en prennent pas et que leur ministère s’en charge à leur place (de la majuscule, pas du travail…) : le ministère de la Culture, de l’Éducation nationale, etc.

    Je vous laisse méditer sur ces contradictions typiquement françaises en attendant la suite des arismocrates. Heu… Arismocrates ?!

  • Ciel !

    J’ai écouté depuis quelque temps déjà une interview fort intéressante d’Hubert Reeves à la radio. Il évoquait un livre nommé Les mots du ciel dont il a rédigé la préface. Cet ouvrage, écrit par Daniel Kunth, traite de la relation entre notre vocabulaire et le ciel.

    Ray Bradbury disait ceci : « La chose la plus amusante dans ma vie, c'était de me réveiller chaque matin et de courir jusqu'à la machine à écrire parce que j'avais eu une nouvelle idée. » Alors, quand j’ai entendu l’existence de ce livre basculant entre un ciel qui nous laisse rêveurs et des mots qui nous laissent pantois, j’ai suivi les conseils de l’homme aux multiples romans d’anticipation : j’ai foncé ! Certes, il ne s’agissait pas de mon idée, mais je l’ai trouvée tellement brillante (comme une étoile…) que j’ai souhaité la relayer dans ce blog.

    En effet, cet ouvrage nous questionne par exemple sur le lien possible entre un malotru, une star (quoique les deux peuvent parfois ne faire qu’un…) et un désastre. « Malotru » vient du latin « male astrucus » qui signifie « né sous une mauvaise étoile ». « Star » est emprunté à l’anglais et veut dire étoile. Tandis que « désastre » est issu de l’italien disastro, le préfixe dis- possédant une valeur péjorative qui implique que « dis-astro » désigne « mauvais astre ».

    Au-delà de l’étymologie, le ciel nous ramène, simples petits Terriens, à tout ce qui est relatif à la spiritualité, aux croyances. Comme nous n’avons pas encore compris tous ses secrets, nous y plaçons sûrement beaucoup d’espoir.  Le paradis nous y attend, et non le centre de notre chère planète. Un bémol toutefois, mis en avant par Claude Aveline : « Inutile d'interroger le Ciel, il a réponse à tout. » On patientera donc encore un peu avant d’en savoir plus.

    Même la typographie lui rend un hommage appuyé en recommandant des majuscules lorsque l’on évoque les astres (et non lorsqu’on les invoque…). Extrait du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale : « Les noms de constellations, étoiles, planètes prennent une capitale initiale au mot déterminant ainsi qu’à l’adjectif qui le précède […] Les mots soleil, terre, lune s’écrivent avec une majuscule quand ils désignent l’astre, la planète ou le satellite lui-même (la conquête de la Lune, etc.) et avec une minuscule dans les autres cas (un coucher de soleil…). »

    Ainsi, les astres possèdent le même honneur que vous et moi : leur nom se rédige avec une majuscule.

    Nous verrons dans de futurs blogs les autres « arismocrates » bénéficiant de ce privilège.

    À bientôt !

     

     

     

     

  • Prosopopons

    J’avais déjà abordé dans un blog précédent le fait que la sonorité des mots pouvait nous faire entrevoir quel était leur sens. Un confrère m’avait alors signalé que ce constat se nommait le cratylisme. Toutefois, il faut préciser que le cratylisme affirme que le rapport entre le son et la signification est permanent, ce qui demeure contesté.

    L’expression est issue d’un dialogue entre plusieurs personnages dans un récit de Platon, parmi ceux-ci figurent Cratyle et Hermogène. Le premier prétend qu’existe un lien entre les mots et les choses, tandis que l’autre défend l’idée inverse de l’arbitraire, les hommes définissant les vocables seulement selon leur propre volonté.

    Le débat reste ouvert.

    En attendant cette lutte fratricide entre les pour et les contre, j’ai entendu récemment un mot peu utilisé, mais à la douce mélodie : prosopopée. J’ai tellement apprécié la résonance de ce terme que j’étais persuadée de la splendeur de sa définition ! Il s'agit d'une figure de style et sachant à quel point j’aime les lettres, je me dis que le hasard n’existe pas.

    La prosopopée consiste à faire parler un objet, un absent, un être inanimé ou un animal dans une histoire. Les écrivains et scénaristes utilisent souvent ce procédé pour raconter des récits offrant une vision différente. Levy a inspiré Spielberg en donnant la parole à une séduisante femme fantôme. Le Chat botté de Charles Perrault a connu une seconde vie au cinéma avec le Chat potté. Et quand Baudelaire s’en sert pour évoquer la beauté, la prosopopée prend une tournure bien plus lyrique :

    « Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,

    De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :

    Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles ! »

     Si jamais vous entendez des mots rares, gracieux et méconnus, venez les partager sur la page facebook du Cabinet, là « où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » !

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  • Les mots, les langues, la vie d’un peuple, la société...

    Je suis passionnée par le langage pour de nombreuses raisons. L’une d’entre elles est qu’il constitue un témoignage de la culture de nos sociétés. En effet, le langage est influencé par nos habitudes, nos pratiques, nos coutumes, nos comportements… Ou peut-être est-ce l’inverse et il agit sur nos attitudes, nos traditions et même plus : notre manière de penser.

    Entre la poule et l'œuf...

    Une amie norvégienne m’expliquait que dans leur langue le mot « døgn » signifiait la journée entière, c’est-à-dire le jour et la nuit. En français, nous distinguons bien ces deux parties. Les Norvégiens connaissent des hivers avec seulement cinq heures de jour. Heureusement pour eux, les étés sont beaucoup plus cléments et la lumière est présente dix-neuf heures sur vingt-quatre. Il apparaît logique que dans ce contexte un jour ne soit pas divisé en deux tranches, mais qu'il forme une unité.

    Dans la société japonaise, le travail constitue une valeur primordiale. Ce constat est en train d’évoluer, car les jeunes générations ont vu leurs parents s’épuiser au bureau et ils aspirent ainsi à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Lorsque je parle d’épuisement, je n’exagère pas, bien au contraire. Des médecins japonais ont carrément inventé un mot, « Karōshi », signifiant littéralement « mort par sur-travail ».

    Les Japonais vivaient auparavant presque à plein temps sur leur lieu professionnel. Il était communément accepté que les journées (les journées/nuits !) se terminent de manière fréquente à minuit et qu’employés et employeurs aillent ensuite boire un verre (l’inverse étant très mal vu). Le « Karōshi » est donc une surcharge de travail entraînant des troubles cardio-vasculaires pouvant mener à une crise cardiaque fatale. Les journées précédant la mort du salarié, les heures de travail sont comptées pour éclaircir la raison du décès. Si ce dernier a effectué des journées de plus de 16 heures de manière récurrente, ou même une de 24 heures, on constate qu’il s’agit d’un « Karōshi ». D’un point de vue économique, les Japonais sont souvent considérés comme les Occidentaux de l’Orient. Espérons que nous ne suivrons pas ce modèle de surcharge de travail dévastateur pour notre santé.

    Il doit exister de nombreux mots employés uniquement dans une seule langue. Si vous détenez d’autres exemples de ce genre, n’hésitez pas à venir les poster à l’adresse facebook du Cabinet :

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    Cela vous permettra d’éclairer nos lanternes. Sans les prendre pour des vessies, merci !