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  • Le Cabinet Agathe Costes vous souhaite ses meilleurs vœux, e dans l’o

    En bon français : « Je vous souhaite mes meilleurs vœux (e dans l’o) pour l’année 2017. »

    Avec un laisser-aller inapproprié pour un écrivain public, mais s’expliquant par un brin de fantaisie : « Jeux voue sweat mais meilleurs veut (œufs dans l’eau) pour la née 2017. »

    Aïe.

    Au-delà du jeu avec les homophones, ce petit exemple démontre avec efficacité la crédibilité qui se joue dans l’orthographe d’un message. Dans les deux cas, l’intention de celui qui écrit ces lignes est d’adresser ses vœux pour la nouvelle année. Il apparaît pourtant clairement que les deux perceptions du lecteur seront diamétralement opposées. Le second message risque de produire l’effet inverse de celui qui était escompté. Veillez donc à bien vous relire ou à faire appel à un écrivain public !

    L’e dans l’o, ou plutôt l’œ (enfin, ne serait-ce pas plutôt l’o dans l’e ? soyons fous), ce caractère que vous n’avez jamais réellement tapé sur un clavier mais que vous avez toujours rectifié en utilisant un clic droit bien senti, aurait en français des origines latines et grecques, au même titre que son « cousin » l’e dans l’a, auquel Gainsbourg a rendu hommage (« t, i, t, i, a… »). Pour votre gouverne et en fonction du sens que vous souhaiterez accorder à l’information qui suit (romantique ? linguistique ?), cette union de deux caractères différents se nomme l’amour, ou la ligature. C’est selon. Un deuxième court exemple qui montre, lui, qu’au-delà des mots en eux-mêmes et de leur orthographe l’interprétation qui en est faite est fondamentale.

    Si jamais ce blog de nouvelle année vous inspire, vous pouvez partager vos vœux et vos fantaisies à l’adresse Facebook du Cabinet (https://fr-fr.facebook.com/Cabinet-Agathe-Costes-%C3%A9crivain-public-182916225107840/) ou sur LinkedIn (https://fr.linkedin.com/in/agathe-costes-42880336).

    Bonne année !

  • Les arismocrates révisent leur géographie, première partie

    « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. » À la relecture des utilisations de la majuscule dans les noms propres géographiques, je me dis que le proverbe de Boileau est bien joli, mais qu’au vu du niveau de difficulté de certains aspects de la langue française il n’est pas applicable à tout !!!

    Comme pour les autres billets dédiés aux arismocrates, je précise que je me base sur le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale.

    Commençons par le grand bazar afin de vous perdre dès le début de cet article : vous souhaitez une fois dans votre vie vous rendre sur le mont Blanc, en effet vous vous sentez inspiré par le massif du Mont-Blanc, mais vous êtes embêté car vous êtes un peu claustrophobe et vous préférez éviter d’emprunter le tunnel du Mont-Blanc.

    Alors, mont Blanc ou Mont-Blanc ?

    Reprenons donc par un début bien concevable et énoncé clairement…

    Un nom propre d’un seul mot indiquant un lieu géographique (Paris, France, Europe…) s'écrit avec une majuscule à sa première lettre. Jusque-là, tout le monde suit. Les ennuis apparaissent généralement lorsque ce nom propre est composé de plusieurs mots.

    Lorsqu’un nom commun, comme un « mont », est individualisé par un adjectif ou un nom propre, comme « blanc » (au hasard), le nom commun reste en bas de casse et l’adjectif/nom propre prend la majuscule, ce qui donne « mont Blanc ». Ainsi, vous pouvez grimper sur le mont Blanc, vous rendre au cap Vert, admirer la baie des Anges, observer la cordillère des Andes, etc.

    Évidemment, sans exceptions, cette règle aurait été trop simple. Le Massif central, le Massif armoricain, le Bassin parisien, le Bassin aquitain et le Pays basque ne font décidément rien comme les autres, pour ne citer qu’eux…

    Mais revenons sur notre mont Blanc. Si les deux mots (« mont » et « blanc ») servent ensemble à caractériser un nom commun (tunnel, massif, etc.), ils deviennent un nom propre comprenant majuscules et tiret, ce qui explique le tunnel du Mont-Blanc et le mont Blanc.

    Des études ont montré que la mémoire à court terme pouvait enregistrer environ sept choses à la fois. Pour ne pas saturer votre espace neuronal lors de cette lecture, je m’en tiendrai donc à ces trois aspects pour cette première partie !

    Retenez bien : le mont Blanc, le tunnel du Mont-Blanc et attention au Massif central ou au Bassin parisien.

    Vous allez me dire que j’insiste avec le mont Blanc, mais la mémoire est aussi aidée par la répétition, alors j’espère que vous pourrez vous souvenir de ces éléments sans trop forcer votre talent !

    À bientôt, sur facebook pour les commentaires (https://fr-fr.facebook.com/pages/Cabinet-Agathe-Costes-%C3%A9crivain-public/182916225107840) ou sur cette page pour le prochain billet.

  • Les arismocrates reviennent, c'est leur fête !

    Un saint prend-il une majuscule ou non ?

    Un sein, non, évidemment,  un seing non plus, même s’il rend un document authentique. Et l’adjectif « sain » a beau être équilibré, il ne bénéficie pas de la distinction suprême des arismocrates : la majuscule !

    Certes, avec tous ces homonymes, nous ne sommes pas plus avancés. Focalisons-nous donc sur le saint.

    Il faut retenir principalement qu’il prend la majuscule lorsqu’il est utilisé au sein (décidément) d’un nom propre. Par exemple, un lieu et ses habitants (les Saint-Quentinois de Saint-Quentin), une fête (la Sainte-Agathe, au hasard), un monument (la Sainte-Chapelle), un ordre (l’ordre de Saint-Lazare) et dans certaines expressions historiques, traditionnelles ou religieuses (le Saint-Esprit), mais pas toutes évidemment, cela aurait été trop simple. Dans ces cas, n’oubliez pas d'ajouter le tiret qui précédera le mot suivant. De plus, vous pouvez employer l’abréviation St ou Ste uniquement lorsqu’ils forment des noms propres, comme ci-dessus.

    Maintenant, après la « noblesse majusculée », voici le reste du monde : les saints avec des minuscules.

    Il est surprenant de remarquer que lorsque vous évoquez le personnage d’un saint, celui-ci s’écrit en minuscules (sainte Agathe, encore au hasard). Et que si vous dites « la fête de sainte Agathe », vous parlez bien de la fête de ce personnage. Si, en revanche, vous vous référez à la Sainte-Agathe, vous mentionnez la fête, donc le groupe de mots redevient nom propre.

    Retenez juste ceci, ce qui vous aidera : la fête de sainte Agathe/la Sainte-Agathe.

    Quand il s’agit de mots composés, la minuscule  doit être conservée : un saint-bernard, des saint-honoré, etc. Puis lorsque « saint » est utilisé comme adjectif, il reste en bas de casse (le saint sacrement, etc.).  

    Voici pour le « peuple ».

    Prochaine étape des arismocrates : la géographie. Je vous préviens, il faudra vous munir d’aspirines. Si, j’insiste sur la nécessité du pluriel pour « aspirines » dans ce contexte.

    Si vous souhaitez ajouter des éléments ou poser des questions concernant ce billet du blog, vous pouvez vous rendre sur la page du Cabinet :

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    À bientôt !

  • Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres

    Le français est comme la nature : bien fait.

    Ceci dit, il s’avère parfois absurde. Selon le livre Zéro faute, de François de Closets, Nina Catach, linguiste renommée, estime que la langue française comporte 80 % de cohérence et, tout de même, 20 % d’aberrations.

    Aujourd’hui, j’ai constaté deux choses tellement évidentes que je ne les avais jamais remarquées.

    Le Siècle des lumières symbolise le siècle du savoir. Nous sommes éclairés par la lumière, de la même façon que nous sommes « éclairés » par la connaissance. Au sens propre, la lumière nous permet de voir, donc de connaître, ce qui rejoint le sens figuré.

    Parallèlement à ce point, j’ai recherché le concept antagoniste du savoir, en l’occurrence l’ignorance et je me suis interrogée : existe-t-il également une métaphore liée à la lumière pour l’ignorance ?

    Et soudain est apparu — la lumière a donc jailli dans mon esprit – le mot suivant : obscurantisme.

    Il est intéressant de constater que ces deux notions contraires de notre langage sont métaphorisées par deux autres notions opposées de même nature.

    Ainsi connaître et méconnaître se lient à la lumière et à l’obscurité, au visible et au caché, à faire jour ou à dissimuler. Cette dualité peut se développer de façon plus lyrique au travers du jour et de la nuit, voire à la vie et à la mort. Une dichotomie – division qui marque l’opposition – qui n’est pas sans rappeler le yin et le yang. Le plus surprenant étant que le mot dichotomie signifie également « phase de la Lune pendant laquelle une moitié de son disque est caché ». Ce qui ressemble étrangement au yin et au yang !

    Si jamais ce billet vous fait penser à d’autres notions de ce type, n’hésitez pas à venir les partager sur le facebook du cabinet, à l’adresse suivante :

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    À bientôt !

  • Mes ateliers d’écriture... toute une histoire !

    Quand une consœur m’a proposé de rédiger un texte sur les ateliers d’écriture, ma première pensée a été la suivante : « Diantre ! »

    Parfois, les personnes peinent à écrire parce qu’elles ne trouvent pas les mots. Mon problème était l’inverse : comment synthétiser mes pensées à ce sujet, alors que j’ai des milliards de choses à dire dessus ?

    Voici déjà ce que l’animation de ces ateliers m’apporte.

    En premier lieu, j’aime rechercher les thèmes des séances. Je passe du temps à m’informer, à apprendre et à essayer de trouver une consigne qui va amener les gens à imaginer une histoire. Je suis une insatiable curieuse et j’ai l’impression que je n’aurai jamais assez d’une vie pour tout lire, tout voir, tout entendre. Je m’intéresse à la culture sous toutes ses formes : la création, l’esthétisme, les artistes, leurs personnages, les œuvres… Apprendre au quotidien m’épanouit et quand j’anime un atelier, j’introduis toujours des éléments culturels en lien avec le thème de la séance. Cela permet un échange riche avec les participants qui me font part de leurs connaissances, de leurs histoires ou de leurs coups de cœur.

    Par ailleurs, j’aime entendre des récits, observer de près le processus de création et remarquer avec étonnement que la même consigne va éveiller chez les uns et les autres des idées totalement différentes.

    Enfin, je crois que ce que j’affectionne le plus est de voir les participants se révéler à eux-mêmes. Ils lisent leurs productions en fin de séance, et les retours des uns et des autres leur font pleinement apprécier la qualité de ce qu’ils viennent d’écrire. C’est un moment un peu impalpable, très intime, que les gens savourent avec beaucoup de discrétion, mais que j’aime constamment observer. C’est comme une grande libération intérieure, car, d’une part, il n’est pas toujours aisé de lire devant un groupe et, d’autre part, ils réalisent le plaisir qu’ils ont procuré à leurs pairs grâce à leur texte. Il faut vraiment être confronté à cette situation pour mieux la saisir.

    Mais qu’est-ce qu’un atelier d’écriture ?

    Plusieurs personnes se retrouvent dans une salle, devant une feuille blanche, avec pour seul point de départ la consigne donnée par l’animateur. À partir de la thématique indiquée, ils doivent inventer pendant une durée déterminée (une heure, deux heures...) une histoire.

    La vie d’adulte et le milieu professionnel nous font régulièrement négliger la part de créativité qui existe en chacun de nous. Nous sommes énormément accaparés par des problèmes d’ordre matériel, des solutions à trouver et des tâches à accomplir dans un but précis.

    L’atelier d’écriture est un moment où les personnes oublient ces obligations et peuvent de nouveau ouvrir la porte de leur imaginaire. Dans ce cadre d’activité de loisir, le seul objectif important à mes yeux est de passer des heures agréables en rédigeant une histoire. La méthode des ateliers - donner une consigne d’écriture - se nomme l’écriture créative. C’est un domaine très en vogue dans les pays anglo-saxons, des cours y sont délivrés dans de nombreuses universités. Depuis 2012, l'université du Havre en propose.

    Tout d’abord, les courageux participants doivent surmonter une première angoisse : celle de la page blanche !

    Ensuite, je constate régulièrement les mêmes interrogations de leur part : « Si j’écris ceci de cette manière, est-ce que cela conviendra ? Puis-je ajouter ma suite à ce thème ? »

    Dans un premier temps, je souris, pour une raison très simple : j’ai posé exactement les mêmes questions qu’eux quand j’étais à leur place. Je leur explique que la consigne donnée n’est qu’un prétexte pour stimuler leur imagination et qu'ils peuvent s'en éloigner s'ils le préfèrent.

    Une fois cette « terreur » de la page blanche évacuée, ils doivent faire face à une difficulté supplémentaire : lire leur histoire devant les autres participants.

    Je tiens ainsi à préciser que je suis fréquemment subjuguée par les récits lus lors des ateliers. La richesse du vocabulaire employé, la capacité à capter l’auditeur et le style de chaque personne me laissent souvent admirative. C’est pourquoi j’encourage les hésitants à se lancer. Toutefois, je prends soin de ne pas forcer les gens, car l’écriture révèle une part d’inconscient et lire des choses trop personnelles peut parfois s'avérer gênant. Certains tentent de surmonter ce qui les travaille de cette façon, d’autres non. En tant qu’animatrice, je veille avec attention à prévenir cela et à instaurer une atmosphère bienveillante.

    Par ailleurs, se rendre à un atelier permet de conserver une régularité dans l’écriture et le fait d’exercer cette activité en groupe est encourageant pour avancer dans un projet, ou même chercher à progresser.

    Les séances peuvent se décliner sous différentes formes : pour adultes, mais aussi pour enfants, comportant des jeux avec les mots ou des thématiques personnelles, etc. Les possibilités sont variées. En ce qui me concerne, comme indiqué dans les lignes ci-dessus, j’y ai ajouté une note culturelle. Je prends des exemples en lien avec ma consigne existant dans la littérature, le cinéma, la peinture... Si je propose une histoire autour du flash-back, je vais citer des œuvres où ce procédé est utilisé. Cela permet non seulement aux participants de constater leurs propres réactions quand ils observent ce mécanisme, mais aussi de s’ouvrir à un échange culturel avec les autres.

    Mon amie Sylvie Chaudoreille a trouvé de bien jolis mots pour définir la richesse des ateliers : « Il n’y a jamais en écriture de bon ou de mauvais texte, ne s’écrit à chaque expérience que ce qui “doit” s’écrire et c’est toujours un merveilleux mystère. »

    Je pense qu’elle a entièrement raison.

  • Le pouvoir des mots

    Un ami a eu la délicate attention de m’offrir et de me prêter quelques lectures récemment. Parmi celles-ci figurait un essai sur la parole. Les pépites issues ce texte sont si nombreuses que je ne sais laquelle mettre en avant.

    « Le seul mauvais choix est l’absence de choix », a écrit Amélie Nothomb dans Métaphysique des tubes. Je vais donc citer cette phrase : « La parole est une arme de guerre ou un instrument de paix : elle peut avoir une force de déflagration redoutable ou une puissance de réconciliation inattendue. »

    « La parole est une arme de guerre »

    On dit en effet que les mots blessent, font souffrir, au même titre que des plaies béantes. Ils peuvent heurter, diviser, faire surgir des émotions néfastes telles que la colère, la peine, la jalousie, le ressentiment...

    Je marchais dans la rue hier et j’ai croisé un homme en train de téléphoner. Son ton était emporté, il parlait excessivement fort et surtout… il ne pouvait pas prononcer deux phrases d’affilée. À l’autre bout de la ligne, la personne devait certainement lui couper sans cesse la parole. Au bout d’un moment, il a répété de nombreuses fois, excédé : « Tu m’écoutes ! » Visiblement en vain. Les mots ne parvenaient pas à sortir de sa bouche et cela semblait décupler sa colère. C’était comme si les paroles s’accumulaient à l’intérieur de lui, bloquées par un barrage qui allait bientôt céder sous la pression. Le torrent qui en jaillirait promettait d’être violent.

    « La parole est un instrument de paix »

    Les mots nous lient et nous permettent d’entrer en contact avec les gens. Ils font apparaître les points de vue, les intérêts, la manière de penser et de construire un raisonnement, d’utiliser l’humour, de dire des émotions ou de révéler des sentiments.

    Les mots nous offrent la possibilité de nous mettre d’accord, d’écouter l’avis d’autres personnes et de le confronter au nôtre, de nous réconcilier, de nous rapprocher, de nous étonner et mieux encore : de nous faire rire.

    Ils ont cette incroyable faculté de nous lier ou de nous délier. Peut-être que nous nous en apercevons plus lorsque nous sommes à l’étranger et que nous ne connaissons pas le langage local. Nous pouvons certes nous comprendre grâce aux signes, à l’attitude ou à l’intonation, mais la discussion reste limitée, et nous sentons bien que le lien le sera forcément aussi. On utilise d’ailleurs souvent l’expression suivante : la barrière de la langue. Celle qui nous empêche en quelque sorte d’aller vers l’autre.

    Les mots qui sortent de notre bouche ne sont pas anodins et si on y prête attention on remarque qu’ils subissent énormément notre humeur. Il se pourrait bien que l’une des recettes pour être heureux soit d’employer dès que possible des vocables à connotation positive.

    Je vous laisse essayer cette idée pour l’été, une saison où votre vocabulaire sera forcément plus ensoleillé !

  • Trouver les mots

    Dans une discussion avec un proche, dans un contexte professionnel, lors d’un discours, le principal problème posé est de « trouver les mots ».

    En effet, pourquoi utiliser les mots adéquats est-il si complexe ? On dit parfois que la personne avec qui nous communiquons ne parle pas la même langue que nous afin d’exprimer notre frustration d’être incompris.

    Une phrase de Bernard Werber, extraite de son Encyclopédie du savoir relatif et absolu, résume à merveille cette grande difficulté : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. »

    Il faut ajouter à ces neuf possibilités le fait que le sens des mots évolue et que leur signification peut être variée. En fonction du vécu et de la sensibilité, certains vocables résonneront différemment selon les personnes. On peut dire de quelqu’un qu’il est « malin » avec un sous-entendu approbateur comme avec une connotation négative. Par ailleurs, la « préfète » était auparavant la femme du préfet, aujourd’hui elle est celle qui exerce cette fonction. Il faut ajouter à cela l’implicite. Quand je précise que j’ai froid, on peut interpréter qu'il est nécessaire de fermer la fenêtre, à tort ou à raison.

    Dans ce contexte, l’écrivain public rencontre de nouvelles problématiques. Il doit utiliser un langage écrit pour traduire au mieux le message que veut transmettre son client. Première difficulté. De plus, il peut proposer des pistes d’amélioration pour que ce message atteigne avec plus d’efficacité son but. Enfin, je pense que le professionnel doit adapter le vocabulaire qu’il emploie au langage de son client. La lettre, le dossier ou le document demandés doivent selon moi faire apparaître la personnalité du client ou ce qu’il veut montrer d’un produit, d’un lieu, d’un fragment de vie, etc.

    Ceci est mon opinion et il se peut que certains de mes confrères et consœurs ne la partagent pas. Le débat reste ouvert.

    Je pense notamment à la lettre de motivation. Il s’agit d’un courrier dont l’objectif est d’obtenir un rendez-vous. Si jamais la lettre ne reflète pas la personnalité du candidat, les recruteurs pourront regretter un décalage entre le document et la personne qu’ils reçoivent, il existe donc de grandes chances que l'entretien n’aboutisse pas. Mais je peux également prendre l’exemple d’un dossier de presse évoquant un produit. Ce dossier doit présenter clairement son sujet, le valoriser, tout en utilisant un langage adapté à l'image que la marque cherche à faire passer.

    Ainsi, on dénombre beaucoup de difficultés pour l’écrivain public. Toutefois, il bénéficie d’un avantage primordial par rapport à son client : il a du recul. Il est toujours plus évident de parler d’une tierce personne que de soi-même. Par ailleurs, lorsque quelqu'un souhaite communiquer sur un produit ou un service qu’il vend, l’écrivain public percevra plus facilement ce qui pourrait échapper à ses potentiels acheteurs, car lui ne connaît pas ce produit et doit le comprendre, comme cette même cible. Il pourra donc définir plus aisément les points à développer et vérifier en concertation avec son client que le langage correspond bien à son univers.

    Enfin, l’écrivain public maîtrise la communication écrite. Ce qui n’est pas neutre de nos jours. Ainsi, il possède toutes les qualités requises pour vous aider à « trouver les mots ». CQFD !

  • Mesdames et messieurs les arismocrates

    Lors d’une soirée, une amie m’a questionnée : « Comment faut-il écrire madame et monsieur ? Avec ou sans majuscule ? En abrégé ? » J’ai tâché de lui répondre le plus simplement possible. À la vision de ses yeux écarquillés, j’ai saisi que je n’avais pas été très claire. Il est vrai que commencer mon explication en lui détaillant la nature des exceptions ne pouvait l’aider.

    J’étais ainsi déçue de n’avoir pas su synthétiser efficacement ces usages typographiques. Comme le constate – avec beaucoup d’humour - le Dicomoche : « Ce que l’on conçoit mal s’énonce obscurément et les mots pour le dire arrivent péniblement. » Je devais donc mieux concevoir ces règles, afin de les énoncer clairement et mes mots seraient arrivés aisément, merci M. Boileau… ou monsieur Boileau… ou Monsieur Boileau ?!

    C’est ce que nous allons voir.

    Imaginons deux situations distinctes.

    Dans le premier cas, vous vous adressez directement à quelqu’un. Vous lui parlez ou vous lui rédigez une lettre.

    Ainsi, vous prenez votre plus belle plume de paon, la trempez dans de l’encre de Chine, sortez votre papier en vélin et commencez à le gratter harmonieusement de votre élégante écriture calligraphiée. Bref, vous envoyez un mail.

    Dans ce cadre, il est nécessaire d’écrire madame ou monsieur intégralement et en minuscules. Normalement, vous ne devriez pas ajouter la majuscule dans vos courriers (comme dans la phrase : « Je vous prie de recevoir, madame, etc. »).  Cependant, la capitale revient fréquemment par politesse. Elle est donc tolérée et vos interlocuteurs peuvent apprécier d’être ainsi « arismocratisés » par un Madame ou Monsieur. Si le mot est le premier de la phrase, il commence évidemment par une majuscule.

    Dans le second cas, vous évoquez une personne. Si son nom est connu, vous devez rédiger les mots sous leurs formes abrégées : M. et Mme. Par ailleurs, si vous ne savez pas son nom, il faudra alors écrire monsieur ou madame.

    Pour synthétiser – mieux que ma tentative avec mon amie - il faut donc retenir les points suivants :

    - on utilise M. et Mme uniquement lorsque l’on désigne une personne à qui l’on ne s’adresse pas et dont on connaît le patronyme ;

    - à l’inverse, si on parle d’elle sans la connaître, on rédige monsieur ou madame en entier ;

    - on écrit monsieur et madame lorsque l’on s’adresse à la personne, l’ajout de la capitale initiale intervenant souvent dans les courriers par mesure de déférence.

    Enfin, si vous souhaitez oublier ce que vous venez d’acquérir (ou de voir confirmé), il est toujours possible de compléter ces informations par de nouvelles exceptions : la majuscule s’invite lorsque le titre de civilité devient  honorifique en raison de l’Histoire (avec un H également, mais j’y reviendrai…) comme « Monsieur, frère du roi », ou quand le mot constitue le titre d’un ouvrage, comme cette très chère « Madame Bovary ».

    Ce sera tout pour aujourd’hui. J’espère que vous n’écarquillez plus les yeux.